J’ai découvert par l’intermédiaire d’un ami béarnais, la fabrication de Bérets à Orthez, dans les Pyrénées-Atlantiques, dans le Sud-Ouest, non loin d’un des mouillages du Carré Royal.
Sara fabrique des bérets ajustables de manière artisanale et traditionnelle, grâce à une dentelle passée dans l’ourlet du béret.
Cette réalisation est le fruit d’une série d’opérations délicates, qui requiert une véritable dextérité.
Sara est une véritable passionnée par son métier. Elle raconte son aventure et comment elle a repris son atelier artisanal en 2017 après avoir quitté Paris, avec son fondateur Denis Guédon.
Denis Guédon souhaitait créer un lieu dans lequel une seule personne pourrait réaliser un Béret dans son intégralité, depuis le fil de laine jusqu’au produit fini.
Sara discute longuement de l’origine des matériaux qu’elle utilise, elle porte une attention particulière à l’origine du matériau.
Elle partage sa connaissance de la laine, et son enthousiasme pour les spécificités de cette matière : ses qualités thermorégulatrices, son imperméabilité, son caractère antiseptique (?).
Selon l’environnement dans lequel ils vivent, les moutons ne produisent pas le même type de laine, notamment en raison d’un climat rigoureux. Au contraire, les moutons mérinos d’Arles, dont nous avons parlé, produisent une laine douce et fine.
Gesture of a craftsman
Sara évoque également l’importance du geste de l’artisan.
Le Maître qui transmet et l’Apprenti qui reçoit apprennent. La transmission repose sur une tradition, qui est également apprise par le Maître.
La transmission exige de la patience, de la persévérance, de l’expérimentation, des échecs de la part de l’apprenti. L’apprenti finit par s’approprier le geste à force de travail, par une pratique consciente. Le geste s’installe.
L’apprenti intériorise le geste. Ce dernier apporte aussi sa touche personnelle, sa singularité.
Ainsi, dans l’histoire du geste depuis des générations, il se modifie, voire à l’infini.
Les travaux du Conservatoire National et des Arts et Métiers indiquent par exemple : « Le même geste n’est jamais reproduit deux fois, comme l’indiquent les enregistrements cinétiques et/ou dynamiques. »
De nombreux gestes se perdent au fil du temps, avec l’essor de l’industrialisation au XIXe siècle.
En maroquinerie, les gestes se transmettent aussi de génération en génération d’artisans. Des communautés se forment ou disparaissent.

The process of manufacturing a beret
Sara rappelle qu’un béret se compose d’une plaque, d’un patch au coude et d’une coiffe ornée d’écussons.
Tout commence avec la laine du mouton mérinos d’Arles. Différentes étapes mènent à l’obtention d’une laine feutrée.
1. Tricot
Le tricot est réalisé avec un fil écru. Il en résulte un ballet mécanique, où des kilomètres de fil sont transformés en un jersey finement vendu à prix réduit.
2. Boucle
Sara donne corps au béret en le bouclant,
3. Foulon
Les bérets passent dans une foulonnière, ce qui permet notamment de les « feutrer ».
4. Teinture
Par un savant et délicat mélange de pigments, Sara se lance ensuite dans la teinture de bérets, environ 130 à la fois.
5. Elle continue ensuite par le grattage (pour éliminer les bouloches et soulever les poils), la tonte (pour obtenir un feutre appelé écharpe) et le repassage (pour stabiliser la laine et la forme).
6. Elle prend les mesures et termine la réalisation avec les coutures (elle appose le blason de son atelier et coud un ourlet pour insérer la dentelle) et les finitions.
Et voilà… Les bérets sont prêts.
Vidéo présentant la fabrication des bérets :
Le site Web du fabricant : https://www.manufacturedeberets.fr
En savoir plus sur le secteur de la laine :
L’association Lainamac a pour mission de sauvegarder les savoir-faire, de promouvoir la filière laine en Nouvelle-Aquitaine et dans le Massif Central, elle propose des formations sur la filière : Lainamac (https://www.lainamac.fr)

Les photos sur cette lettre et notre Instagram et Facebook proviennent de la Manufacture des Bérets.
Pour en savoir plus sur cette lettre et sur l’auteur, veuillez visiter Lettres Carré Royal.
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Un peu de musique :
J.S. Bach – Cantate BWV 22 “Jesus nahm zu sich die Zwölfe” (Fondation J.S. Bach)
J’écoute également cette musique persane, en ce moment, La dernière valse .
Notre playlist est également sur Deezer.
Suggestion de musée à Orthez :
https://www.museejeannedalbret.com/fr
