Rencontre aujourd’hui avec un Artisan Coutelier, Jean-Paul Tisseyre à la Bastide sur l’Hers, dans les Pyrénées Ariègeoises. Jean-Paul est diplômé du titre de « Un des Meilleurs Ouvriers de France » dans sa spécialité. 

Il m’accueille avec Newton, son chien.

Il fabrique toutes sortes de couteaux, le plus souvent sur mesure, vendus dans le monde entier.

Ses ouvrages, ses créations sont le produit de la rencontre de plusieurs savoir-faire notamment :

  • Le travail du métal qu’il découvre à l’âge de 14 ans et qu’il a poursuivi par une formation de tourneur, fraiseur, ajusteur. 

       Les Pyrénées Ariégeoises ont une longue tradition de travail des métaux.       Les Comtes de Foix en tirèrent une partie de leur fortune et de leur puissance, l’Ariège fournissait en effet des hommes et du fer.

  • Le travail des cornes, plus précisément du peigne en corne. Jean-Paul Tisseyre appartient à une famille d’experts en la matière. Dans les années 1920, l’industrie locale employait près de 1500 ouvriers, et confectionnait 80% de la production française.

Au sein de Carré Royal, nous utilisons des matières différentes, des cuirs, des toiles enduites, des toiles comme l’Harris Tweed…chaque matière se travaille différemment, réagit de manière unique aux autres. Nous combinons souvent des cuirs et des tissus

La confection de la lame

Tout commence le plus souvent par l’imagination d’une ligne spécifique, une forme de lame qui donne un gabarit.

Jean-Paul travaille le plus souvent un acier « damassé/feuilleté ». 

Commence alors le détourage à la scie, ou mécanique avec une machine, le backstand. Cette opération consiste à découper selon le gabarit.

L’émouture : qui correspond au façonnage de la lame pour créer notamment son tranchant. 

Les traitements thermiques :

  • La chauffe : Jean-Paul utilise un four électrique pour chauffer la lame et atteindre le point de transformation de l’acier AC3, la température de trempe.
  • La trempe : le refroidissement de l’acier à l’air pour les aciers inox , le refroidissement dans une huile de trempe pour les aciers au carbone.

Le métal se transforme, densifie, il est dur mais demeure très cassant.

  • Le revenu. Cette étape consiste à chauffer la lame à environ 200° pendant environ 30 minutes, pour conférer souplesse et résilience.

Puis viennent les étapes de finition, au cours desquelles la lame est dégrossie au backstand et terminée au papier abrasif à la main. L’acier damas est ensuite révélé par attaque acide. Ce processus révèle le motif de la lame damasquinée.

La sculpture du fer est alors achevée. La lame n’a plus qu’à être montée sur un manche.

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La confection du manche 

Pour confectionner les manches, Jean-Paul utilise :

  • Des cornes de vaches, de zébus (les plus colorées) en provenance de Madagascar, d’Afrique du Sud, du Brésil, d’Argentine et des Pyrénées , de buffles ou de béliers.

Cependant dans ces cornes, Jean-Paul utilise essentiellement les pointes, qui présentent l’avantage d’être résistantes naturellement. Cette méthode, plus coûteuse, permet de profiter de l’unicité de la corne, de ses couleurs. Il me montre comment identifier les couleurs finales, leurs combinaisons dans le produit fini.

  • Des bois de cervidés (cerfs, chevreuils…)
  • Les bois des montagnes environnantes : Jean-Paul recherche des pièces de buis, de marronniers, de peuplier, de chêne. Il s’intéresse essentiellement aux racines et aux excroissances. Il y trouve des mélanges de couleurs uniques, des sinuosités originales.

Il utilise enfin des fibres de carbone pour les couteaux plus modernes.

Ces matières sont ensuite façonnées, sculptées pour obtenir la forme souhaitée, puis polies, et cirées.

Selon les créations, Jean-Paul imagine une lame puis crée un manche, ou l’inverse. Ce sont alors les cornes, les bois, qui se prolongent par une lame.

Nous évoquons la transmission de ce savoir-faire.

Le temps avance, la rencontre est passionnante. 

Je quitte Jean-Paul et Newton.

Les photographies de cette lettre et sur nos pages Instagram et Facebook sont de https://www.couteaux-tisseyre.com.

Pour en savoir plus sur cette lettre et son auteur je vous convie à visiter notre page Introductions aux Lettres Carré Royal.

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Mes lettres sont désormais disponibles sur Lettres Carré Royal 

Montségur & Fontestorbes

Le village de la Bastide sur l’Hers se situe près de lieux assez exceptionnels :

  • Le Château de Montségur, haut lieu du Catharisme.

Je m’arrête parfois à la boulangerie traditionnelle sur la place.

  • La fôret de Belesta,
  • La Fontaine de Fontestorbes.

Un peu d’histoire 

Présentation d’un des Comtes de Foix par une courte video, Gaston III de Foix-Béarn, dit Phébus

Un peu de musique 

L’hymne des Pyrénées, attribué à Gaston Phébus : Se Canto

Eric Satié Gnossienne I Lent – Klára Körmendi

Eric Satié – Gnossiennes: III. Lent- Frank Glazer

Notre playlist est également disponible sur Deezer

Suggestion de lecture

Les Plaies et les bosses de René-Victor Pilhes, entretiens avec Maurice Chavardès,

« Enfant illégitime, René-Victor Pilhes eut à treize ans la révélation de cette société qui vous dit : “Je ne sais pas qui vous êtes donc je ne vous connais pas. Pourquoi vous reconnaîtrais-je si votre propre père nie votre existence, vous refuse son nom ?” Une injustice qui est sans nul doute à l’origine de sa vocation d’écrivain : avant d’être nommément désigné, le père du gamin turbulent a d’abord été un père rêvé, l’horizon d’un univers inconnu et fantastique… »